L’immunothérapie orale

L’immunothérapie orale (ITO) est une forme de désensibilisation destinée à traiter les allergies alimentaires. Elle consiste en l’ingestion quotidienne de l’aliment allergénique (mesuré de façon précise) en suivant un calendrier qui commence avec des doses minimes (en-deçà du seuil de réactivité du patient) et qui progresse jusqu’à atteindre une portion normale de l’aliment. Une fois ces doses d’entretien atteintes, le patient doit continuer à ingérer l’aliment de façon régulière pour maintenir la protection.

Les trois bénéfices potentiels de l’immunothérapie orale sont :

1. Protéger des réactions en cas de contacts accidentels au quotidien
2. Réintégrer l’aliment dans la diète normale
3. Résoudre l’allergie de façon définitive (tolérance soutenue)

Pour plus d’information, visitez le site de l’Association des Allergologues-Immunologues du Québec.

Le meilleur moment pour débuter une désensibilisation dépend de chaque cas, mais des études ont démontré l’efficacité de l’immunothérapie aux arachides dès l’âge de 9 mois.  Chez les jeunes enfants avec une allergie au lait de vache ou aux oeufs, il faut prendre en considération la probabilité que l’allergie se résolve spontanément avec le temps avant d’entamer l’ITO.

Des désensibilisations alimentaires ont été réalisées avec succès dès 9 mois, mais ont aussi entreprises et réussies jusqu’à 56 ans.

Oui, l’immunothérapie orale peut fonctionner chez les patients qui ont des allergies alimentaires graves. Chaque patient étant différent, il importe d’adapter le protocole au nombre et à la sévérité des allergies du patient. Ainsi, un enfant polyallergique devra généralement débuter son traitement à des doses d’aliments plus faibles et augmenter plus progressivement qu’un autre moins allergique.

Les enfants qui vivent avec des allergies alimentaires graves souffrent souvent d’asthme et d’allergies saisonnières. Ils peuvent tout de même être désensibilisés, en autant que ces conditions soient bien maîtrisées. Ainsi, il importe d’optimiser le traitement de l’asthme avant d’entreprendre une immunothérapie orale. Chez les patients très symptomatiques de leurs allergies saisonnières, on va généralement réduire la dose alimentaire et la vitesse de progression durant les mois d’allergies saisonnières.

En théorie, tout aliment peut être désensibilisé dans la mesure où on peut trouver une source suffisamment concentrée de l’allergène pour induire la protection. Ainsi, des désensibilisations ont été rapportées avec succès aux arachides, aux noix, au sésame, au soya et aux légumineuses, aux céréales tels l’orge, le blé et le seigle, au lait, aux œufs, au poisson et aux crevettes.

Malheureusement, en raison de la faible concentration de protéines dans les fruits et les légumes, ces allergènes se prêtent moins bien à la désensibilisation à l’heure actuelle.

Des études ont montré qu’on pouvait désensibiliser jusqu’à cinq aliments simultanément sans augmentation du risque.

Les taux de succès de l’immunothérapie orale rapportés dans les études comprennenttous les patients qui ont été commencé l’étude, peu importe la raison de leur arrêt. Cela inclut à la fois des patients qui n’ont pas toléré le protocole et des patients qui ont arrêté pour des questions logistiques tels un déménagement ou une incapacité de suivre les rendez-vous, ou encore des patients qui ont été exclus de l’étude puisque leur asthme était insuffisamment maîtrisé. Il est intéressant de noter que les cliniques privées offrant l’immunothérapie orale aux États-Unis rapportent des taux de succès supérieurs à 90 %, probablement en raison de la plus grande flexibilité et adaptabilité de leurs protocoles en dehors de stricts critères propres à la recherche.

La majorité des patients qui entreprennent une désensibilisation vont rapporter des symptômes d’allergie avec la prise des doses. Dans 95 % des cas, ces symptômes sont légers, généralement une démangeaison à la bouche ou un inconfort gastrique. Plus rarement, les patients rapportent des symptômes plus importants pouvant nécessiter l’utilisation de l’adrénaline. Dans ces cas, il n’est pas rare qu’on détermine d’autres facteurs qui ont contribué à la réaction, telles une infection virale ou la pratique d’un sport intense.

Également, 2,7 % des patients vont présenter des symptômes d’œsophagite éosinophilique avec le traitement. L’oesophagite éosinophilique est une inflammation allergique chronique de l’œsophage qui se manifeste par des problèmes de déglutition et des sensations de blocage en avalant. Dans tous les cas rapportés, l’oesophagite s’est résolue sans séquelle avec l’arrêt de la désensibilisation.

La durée du traitement varie beaucoup d’un patient à l’autre en fonction du type, du nombre et de la sévérité des allergies. De façon générale, après un premier rendez-vous pour déterminer les doses de départ, le patient va débuter ses doses quotidiennes à domicile après avoir réussi l’ingestion d’une première dose en milieu médical supervisé. Des rendez-vous seront prévus toutes les deux semaines pour évaluer l’évolution et procéder à l’augmentation de la dose quotidienne sous supervision médicale, jusqu’à l’atteinte d’une pleine portion de l’aliment.

Une fois la pleine portion de l’aliment atteinte, on poursuit généralement la prise quotidienne pour une période variant de 6 mois à 5 ans, selon les cas. Le patient pourra alors être réévalué pour déterminer si on peut espacer davantage la prise de doses sans perdre la protection.

Tant que l’on prend des doses d’aliment, on recommande de garder l’EpiPen pour pouvoir traiter les réactions qui pourraient survenir au moment de la prise des doses. Une fois la tolérance soutenue atteinte (p. ex. perte complète de la réactivité même avec l’arrêt des doses), il est possible que l’allergologue recommande d’arrêter de porter l’EpiPen.

Après 4 ou 5 ans, 50 % des patients peuvent cesser les doses de maintenance pour les œufs et les arachides, respectivement, sans retour de la réactivité allergique à ces aliments. Chez les enfants ayant entrepris une désensibilisation aux arachides entre l’âge de 9 et 36 mois, ce taux de tolérance soutenue grimpe à 80 %.

La clinique d’immunothérapie orale (CITO) du CHU Sainte-Justine a ouvert ses portes en novembre 2017, suite à une immense campagne de financement et de sensibilisation conduite par les parents bénévoles de ByeByeAllergies. Il est maintenant possible d’inscrire ses enfants en visitant le site officiel de la CITO: https://www.chusj.org/fr/soins-services/A/Allergie/CITO